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samedi 3 décembre 2011

Transat - part II

Mardi 29 novembre:

C'est reparti pour un tour! Nous quittons Mindelo à 17 heures, cap à l'Ouest pour 12 à 16 jours de mer. Nous sommes finalement tous les quatre enchantés de cette escale cap verdienne forcée, qui nous a permis de découvrir le charme désuet de ce bout du monde si bien assumé, où rien ne presse.

Ce mélange d'Afrique saharienne et de langueur brésilienne opère une convergence mentale des deux continents qui se font face, de sorte que que la distance qui nous reste à parcourir semble raccourcie... Qu'à cela ne tienne, nous prenons le temps d'une virée nocturne pour mieux apprecier la vie locale !

Les rencontres y sont improbables, les lieux éclaboussés de couleurs, la langue créole délicieuse et le rhum bien corsé... Nous dînons dans une pension d'un autre siècle, qui s'avère être un hôtel de passe, avant de nous perdre au comptoir d'une rhumerie sans toit où quelques marins sont venus s'échouer à marée basse....  Le réveil ce matin est certes difficile mais les souvenirs mémorables.

Les cales sont chargées de produits frais achetés sur le marché local, et les réservoirs remplis de 800 litres d'une eau jaunâtre prétendument buvable: c'est mieux que le Startron, mais ce n'est pas encore du Vichy Celestin.

En quittant l'ile de Sao Vincente, nous passons sous le vent de Santo Antao avant d'atteindre la haute mer vers minuit. Les alizés sont là, puissants, nous propulsant immédiatement à plus de 8 noeuds dans la nuit étoilee.

William Christie, qui m'accompagne lors de mon quart de nuit (Dido & Aenaes), semble chorégraphier les apparitions de la lune entre quelques nuages laiteux avant sa chute inexorable dans les eaux de l'Atlantique nord. I wish you were here my lady captain, it is so beautiful!

Cap à l'Ouest, à nous les Caraibes...

Mercredi 30 novembre:

Les conditions sont parfaites, si ce n'est cette houle de 2 mètres qui se raidit au gré des courants (de marée). Nous avons parcouru 185 miles ces dernières 24 heures, soit une moyenne de 7.7 noeuds.

Tous les réglages du bateau sont passés en revue pour assurer un bon équilibre sous voile et éviter tout ragage (usure par frottement), potentiellement destructeur sur un si long bord. Le lazy bag (sac acceuillant la grand voile quand elle est affalée) est roulé le long de la bôme, chaque écoute est reprise avec un hale bas pour éviter les mouvements inutiles, le régulateur d'allure est branche en soutien de l'auto-pilote et le frein de bôme est fermement étarqué: Panta Rhei est parfaitement calée sur son bord, raide, sans bruit, si ce n'est le sifflement de la quille lorsque elle part en survitesse dans les surfs.... Quelle merveille !

Jeudi 1 décembre:

Record battu: nous couvrons 195 miles en 24 heures, une moyenne de 8.1 noeuds. Le vent est annoncé plus faible dans les prochains jours, ce sera probablement notre meilleure performance du voyage!

Plaisirs du jours: douches sur la plateforme arrière (on s'envoie des dizaines de sauts d'eau de mer à la figure, c'est bon!), après-midi à partager nos goûts musicaux (blind tests à l'appui) et concert de guitare du capitaine (peut-être pas à classer dans la catégorie "plaisir" pour l'équipage, qui n'a malheureusement nulle part où aller).

Vendredi 2 décembre:

Nous contournons une zone de calme au nord, et dévions dès lors notre route vers le sud. Les voiles en ciseaux, nous sommes à présent plein vent arrière. Le bateau est stable malgré la houle et un vent qui faiblit.

Après s'être dandinée à peine vingt minutes au bout de son fil, notre sardine accroche une nouvelle dorade coryphène (une jeune donzelle). Soit nous avons affaire à l'animal le plus stupide de l'Atlantique, soit une longue procession de ces poissons affamés suit notre bateau depuis les Canaries...  à élucider.

Frank passe une fois de plus le "mocho" dans le carré en sifflotant... je crois qu'il y prend goût.

Nous croisons ce soir, à 21h32, un voilier de 48 mètres (le "Regina Maris" d'après les informations transmises par le signal AIS), qui navigue sous notre vent à moins d'un mille nautique... surréaliste dans cette immensité marine, à plus de 560 milles de la première côte.

Notre position actuelle: N 16°48.342'; W 34°59.184' (voir carte google map)
Bon vent a tous!






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