31 juillet.
Sous un ciel gris et une légère brume (après tout, c'est la
Nouvelle-Angleterre), nous quittons Newport, et l'Etat de Rhode
Island, pour entrer dans le Massachusetts. Première étape, l'île
de Cuttyhunk. Le temps est maussade et le bateau gigote tout le long
- et pour rajouter au folklore, Vadim fait une déplaisante
découverte dans le bol de instant noodles au poulet
qu'on lui sert pour le déjeuner: "Maman, Papa, ce sont des
asticots, ça !!?" - "Euh..pose ta fourchette et balance le
tout par-dessus bord!!". Pas de doute, ce voyage les aura
initiés à l'aventure...
Nous
arrivons cependant sans séquelles, mais sous une pluie devenue
torrentielle, dans le Cuttyhunk Pond, bassin presque entièrement
fermé devant le village de Gosnold. Le lendemain, divine surprise,
nous nous réveillons sous un ciel parfaitement clair et partons
allègrement à la découverte de l'île. Le charme opère tout de
suite, l'endroit est étonnant: ici, on circule à pied (nu) ou en
voiturette de golf, il y a pour tout commerce une épicerie
minuscule, les jardins sont très soigneusement fleuris et la
sensation d'isolement est forte - si la population s'élève à
quelques centaine pendant les mois d'été, ils sont 12 (oui, douze)
à vivre là toute l'année. L'école du village, charmante comme
tout le reste, fonctionne pour 2 (oui, deux) élèves inscrits...un
frère et une soeur. Le petit musée de l'histoire locale nous
apprendra que l'île constitua, en 1602, le premier établissement
des Anglais dans la région, que les hivers y sont incroyablement
rudes et que les premiers habitants gagnaient leur vie en partant au
large guider les bateaux de passage à travers les dangereux récifs
des environs (dans le Vineyard Sound et Buzzards Bay, de part et
d'autre de Cuttyhunk), qui valurent à l'époque à cette région le surnom de "graveyard
of the Atlantic"...
Nous
partons ensuite pour Martha's Vineyard, à l'est: Vineyard Haven, Oak
Bluffs puis Edgartown. Beaucoup plus grande, et plus touristique, que
Cuttyhunk, l'île est néanmoins très belle et nous y passons
quelque journées délicieuses entre le bateau (reprise de la classe,
enfin!) et les promenades. Ici, on ne se baigne pas beaucoup: l'eau
est verdâtre et assez fraîche, et puis si l'île fut il y a 35 ans le lieu du
tournage des deux premiers volets de la mythique saga "Jaws" de
Spielberg, ce n'est pas par hasard: cet été encore, une trentaine
de grands requins blancs ont été aperçus non loin des côtes!
Dimanche 5
août, cap vers le nord-ouest pour une petite navigation jusque Woods
Hole, à la pointe sud du Cape Cod. Nous y passons deux nuits dans le
magnifique mouillage abrité de Hadley Harbour (qui n'a de "harbour"
que le nom: tout autour de nous, deux grandes maisons en bois, un
ponton -privé, bien entendu- et de la grande nature...). Nous y
retrouvons Pingouin et Ortémi: balade en dinghies entre les îlots,
construction par les enfants d'une belle cabane sur la plage, dîner
entre amis et visite des multiples institutions (aquarium, musée,
centre de recherche) océanographiques. La ville toute entière
semble consacrée à l'étude sous-marine - et se targue d'ailleurs
d'avoir formé l'équipe de chercheurs qui a découvert l'épave du
Titanic.
Nous
passons ensuite par Marion (quelques cacahuètes au yacht club, une
promenade à travers les rues désertes, un tour à la plaine de
jeux, et un tête-à-tête pour moi avec le vieux propriétaire de
l'épicerie -tout droit sortie de "La petite maison dans la
prairie"- qui m'emmène dans son pick-up chercher de l'argent au
distributeur car il n'accepte pas les cartes bancaires) avant de
passer le Cape Cod canal pour nous poster à Provincetown, à
l'extrémité nord de la péninsule, qui sera le point de départ de
notre traversée vers le Maine. Provincetown, ville touristique mais
néanmoins authentique, historiquement libérale: les façades sont
agrémentées de drapeaux arc-en-ciel, les galeries d'art sont
nombreuses et les couples homosexuels se promènent fièrement sous
le soleil. Comme Vadim se plaint de façon de plus en plus criante
d'une douleur violente dans les oreilles, nous nous mettons en chasse
d'un ORL. Nos recherches nous conduisent chez un Québecois qui ne
pratique plus depuis huit ans (ne pas croire tout ce qu'on lit sur
internet) mais offre de faire une exception et de nous retrouver dans
la demi-heure sur la plage (à travers le télescope installé dans
son jardin pour l'occasion, il repère Panta Rhei à l'ancre dans la
baie!) pour nous emmener chez lui, car il se dit touché par le fait
que nous soyons en voyage en bateau, venus de si loin...et
francophones! Outre notre gratitude pour cette consultation
improvisée et gratuite au pays de la médecine hors de prix, nous
avons été enchantés par cette rencontre avec Jérôme, installé
dans une incroyable maison construite dans les années 70, dans un
vaste terrain sur le promontoire de la ville avec le compagnon dont
il partage la vie depuis 35 ans. Retraité à 50 ans, il occupe son
temps à jardiner, cultiver son immense potager, peindre et...rêver de
naviguer. Pour le remercier de sa gentillesse, nous l'avons invité à
passer quelques heures avec nous sur Panta Rhei aujourd'hui, pour une
micro-navigation en forme d'aller-retour à la plage de l'autre côté
de la baie avec Perrine et les enfants. Ce fut (encore) une bien
belle journée.
Demain
matin, si malgré les prévisions le brouillard n'est pas trop dense,
nous mettrons avec Pingouin le cap vers le Maine, notre
destination la plus au nord sur la côte est-américaine avant de
redescendre doucement vers le sud pour retrouver la mer caraïbe
début décembre.
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