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mercredi 30 janvier 2013

Mexique: 4 - 30 janvier

Jeudi 3 janvier. Les Périer viennent de partir, laissant derrière eux un grand vide à bord. Pour ajouter à l'humeur maussade, le temps est brumeux et n'invite pas à la promenade au large. En outre, nous sommes tous les quatre un peu fatigués de naviguer, usés par la quantité de milles parcourus dernièrement (en un mois et demi, entre le départ de Washington début novembre et l'arrivée à La Havane mi-décembre, l'équivalent de 3.000 kilomètres avalés...). Pourtant, la météo promet une bonne fenêtre pour la traversée vers le Mexique, qui ne peut pas se faire dans n'importe quelles conditions étant donné que le Gulf Stream est particulièrement puissant dans le canal du Yucatan que nous devons franchir à angle droit pour arriver près de Cancun: si le vent est trop fort et/ou mal orienté (c'est-à-dire, contre la direction du courant), il peut lever une mer forte et dangereuse.

Nous prenons donc, à contre-coeur, la décision de partir dans la foulée - avec la perspective réjouissante, une fois arrivés, de ne plus bouger pendant près d'un mois incluant la visite de Nonna avec qui nous sillonnerons le Yucatan!

La navigation, finalement, sera presque parfaite compte tenu des conditions particulières de traversée du Gulf Stream: la brume se lève faisant place à un ciel inconditionnellement bleu et le vent, qui souffle au nord-est, est portant et suffisamment faible pour ne pas lever trop de houle. Hormis les derniers cinquante milles, pendant lesquels le courant pousse contre nous à une force de 4 à 5 noeuds (c'est beaucoup), creusant une mer qui nous fait vivre une expérience comparable à celle d'un vêtement dans le tambour d'une machine à laver, les 26 heures de cette traversée tant appréhendée auront été presque agréables!

Contrastant avec l'improbable quai de Los Morros laissé derrière nous à la pointe ouest de Cuba, la marina El Cid de Puerto Morelos (à une trentaine de kilomètres au sud de Cancun) est jolie, fleurie, accueillante et parfaitement entretenue. Pour limiter de dépaysement, cependant, on comprend vite qu'ici aussi, les démarches administratives d'entrée sont longues et fastidieuses: il faudra presque la journée complète pour finaliser la paperasse et accueillir à bord le défilé de fonctionnaires en uniforme.

Une fois cette épreuve surmontée, nous pouvons nous poser enfin et profiter abondamment de la gigantesque piscine de l'hôtel voisin, de la plage de sable blanc, de l'eau claire... et du temps retrouvé pour la classe. Pendant une bonne semaine, nous paressons joyeusement, quittant seulement la marina pour visiter le joli village de Puerto Morelos tout proche ou pour aller faire (encore!) un substantiel avitaillement à Cancun (qui se révèle sans aucun intérêt).

Le 15 janvier vers 23h, après plus de 24 heures de voyage depuis Milan, Nadia/Nonna arrive enfin, guillerette et fraîche comme une rose... Les enfants devront attendre le lendemain matin pour le câlin qu'ils attendent depuis si longtemps, mais Marc et moi profitons déjà pleinement des retrouvailles. Comme à chaque fois (c'est sa quatrième visite sur Panta Rhei, quand même...), elle trouve instantanément et tout naturellement ses marques à bord. Sauf que cette fois-ci, il s'agit d'une visite un peu différente: avec la voiture qu'elle a louée à Cancun, nous partirons pendant 10 jours pour une incursion en pays maya. Des vacances pour nous, en quelque sorte, puisque nous laisserons le bateau sous la surveillance de notre charmant voisin de quai barcelonais Marcos pour explorer, par la route, la région du Yucatan.

C'est un cadeau formidable que nous fait Nadia, et que nous savourons tous pleinement: 10 jours de découvertes, de promenades, d'émerveillement entre Chichen Itza, Izamar, Merida, Celestun, Uxmal, Valladolid, Coba et Tulum. 10 jours inoubliables, intenses et passionants pendant lesquels nous nageons dans des cenotes (gigantesques puits naturels utilisés par les Mayas comme lieux de sacrifices et/ou réserves d'eau douce), visitons des monastères, flânons dans les villes à pied ou en calèche, marchons dans des grottes, escaladons des temples mayas et prions le dieu Chaac-au-long-nez, admirons de tout près des colonies de flamands roses, traversons la mangrove dans une petite barque à moteur, dormons dans des huttes sur la plage, roulons dans les vagues, mangeons de la purée de haricots noirs au petit déjeuner, et nous faisons même  poursuivre par un crocodile énervé! Que d'aventures... MERCI, MERCI, MERCI Nonna!!

Nous nous apprêtons maintenant à reprendre la mer pour retourner vers Cuba - la côte sud, cette fois. La météo étant temporairement favorable, nous partirons finalement demain matin, 31 janvier, sans Nadia qui, après avoir tâté l'idée de traverser avec nous, a décidé sagement de rester dans la région pour ne pas rater son vol de retour vers l'Italie depuis Cancun dans deux jours. On se console en pensant aux prochaines retrouvailles...

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mardi 8 janvier 2013

Cuba, part II: 26 décembre - 3 janvier

***L'album picasa auquel renvoie la légende de la photo sur le dernier "post" (Cuba part I) a été mis à jour et contient à présent l'entièreté des photos de La Havane jusque Noël.***

Mercredi 26, nous faisons un baluchon et embarquons, frétillants d'impatience, dans un taxi pour La Havane, où nous allons retrouver la famille Périer presque au complet (la petite Jade, que Marc n'a pas encore rencontrée puisqu'elle est née peu après notre départ, est restée entre les mains expertes et aimantes de ses grand parents à Bruxelles).

C'est un bonheur immense, intense et incomparable que de revoir, comme si on les avait quittés la veille, de si chers et si anciens amis. Les retrouvailles sont chaleureuses, simples, immédiates.

Nous passons ensemble un délicieux après-midi à flâner dans la vieille ville, les enfants ayant vite fait de former, Cassandre et Vadim d'un côte, Félix et Luca de l'autre, deux binômes parfaitement harmonieux. Une journée joyeuse, terminée en beauté dans le magnifique hôtel en face du Capitolio où nous fêtons à la fois nos retrouvailles et, avec un décalage qui fait d'autant durer le plaisir, les 40 ans de Marc.

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Jeudi 27, après un avitaillement limité (nous étions prévenus, on trouve peu de choses à Cuba, même à La Havane), nous réintégrons le bateau à huit, impatients de (re)commencer à naviguer le lendemain. Légère inquiétude quand, au moment de régler la facture de la marina, notre ami Jérémy du bateau Manao refuse de payer au harbour master le pourboire très officiellement inscrit sur la note et que, du coup, l'ordinateur "tombe en panne" (sic), nous empêchant tous de mener à bien les démarches de sortie...  Malgré l'insistance de Marc et plusieurs allers-retours au bureau jusqu'au début de la nuit, le "patron" ne veut plus rien savoir et reporte à plus tard le règlement de la facture et l'approbation (obligatoire) de notre despacho, feuille de route indiquant précisément tous les endroits où nous comptons mouiller l'ancre. Si le problème informatique est réglé (Inch Allah, dirait-on ailleurs), tout cela devrait pouvoir être envisagé le lendemain matin.

Fort heureusement, la nuit a ressuscité l'ordinateur et remis le harbour master dans de bonnes dispositions. Aussi, nous pouvons larguer les amarres et, après une nouvelle halte au quai d'accueil pour la visite de sortie des douanes, de l'immigration, des autorités sanitaires et du bébé cocker, nous prenons enfin la mer.

La côte nord de l'île est très sauvage et l'accès à terre y est interdit, sauf à certains endroits désignés moyennant autorisation préalable. Nous avons prévu (et fait approuver par despacho interposé) trois haltes sur notre route vers la pointe ouest.

La première, Bahia Honda, est une vaste baie déserte dans laquelle on entre en slalomant entre les épaves de cargos... Une fois à l'intérieur, on est frappé par le calme absolu et l'absence totale de lumière sur la côte pouvant indiquer la présence d'un village. Nous y sommes absolument seuls (mais recevons néanmoins la visite d'un Cubain sorti d'on ne sait où et venu vérifier les papiers, autorisations, passeports et autres cachets) et y dégustons, avec moultes grognements de satisfaction, le thon blanc pêché l'après-midi même (le premier d'une série!) et transformé en sushis par cet Alpha Male de Capt'n Marc.

Il fait grand beau, le vent est favorable, tout le monde est bien à bord (mention spéciale à Félix qui, seul à souffrir du mal de mer, mord admirablement sur sa chique) et nous passons encore toute la journée du lendemain à naviguer jusqu'à notre deuxième étape, Cayo Levisa où nous arrivons avec les derniers rayons du soleil en zigzaguant entre les patates de corail. Le stress de l'arrivée est rapidement dissipé à coups de rhum et de bonne conversation... Là, nous passons deux jours -et la nuit du Nouvel An, avec Pingouin et Manao- à profiter allègrement de joies de la plage.

Troisième étape, la toute petite Cayo Julio où nous nous arrêtons le temps d'un bain de mer et d'un dîner avant d'entamer, en navigation de nuit, le dernier morceau de route avant la "marina" de Los Morros à l'extrémité ouest où les Périer nous quitteront pour passer encore deux jours à visiter l'intérieur de l'île avant de s'envoler vers l'hiver bruxellois.

C'est avec le coeur très serré et la tête déjà pleine de merveilleux souvenirs que nous les accompagnons sur l'improbable quai de Los Morros, au parfum de bout-du-monde, pour les regarder partir.


Merci merci à tous les quatre de votre visite, de votre enthousiasme et de votre indéfectible amitié, et merci de nous avoir gâtés de votre présence...


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