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vendredi 29 juillet 2011

Corse - part one

7 juillet, début d'après-midi: dans des conditions météo parfaites, Panta Rhei file à vive allure vers la France. 25 milles et trois heures plus loin, nous baissons le pavillon italien et hissons le drapeau bleu-blanc-rouge. Une fois installés dans la marina de Porto Vecchio, nous partons en balade sur le port. L'apéritif est fort agréable, une jeune guitariste de jazz en fond sonore. C'est au moment du dîner, dans un infect restaurant pour touristes à l'hygiène douteuse (le restaurant, pas les touristes) que nous nous mettons à regretter amèrement la vénération des Italiens pour la cuisine, qui est savoureuse partout, au point que cela semble parfois relever du miracle... Ici, manifestement, on ne s'embarrasse pas beaucoup de questions de traçabilité ou de chaîne du froid.

Après la première nuit passée dans le port (nous avons survécu à cet infâme repas d'hier soir, ouf), les autorités de la capitainerie viennent nous demander de déplacer le bateau, non loin de l'emplacement qui nous avait été assigné au départ. A priori trois fois rien, mais cette petite manoeuvre tourne au vinaigre quand, tandis que nous nous engageons en marche arrière vers le quai pour ré-amarrer le bateau, un coup de vent nous fait heurter le petit yacht "garé" à côté. Le choc est minime, mais suffisant pour que, sur l'insistance du voisin, nous rédigions une déclaration à l'assurance. Gloups. Marc est assez secoué par cet incident, et moi je vois disparaître en fumée les possibilités de dormir, parfois, à quai: à l'avenir le capitaine voudra, c'est sûr, éviter autant que possibles les manoeuvres au port...
Nous décidons de diluer le stress dans le muscat corse (très efficace), et grimpons jusqu'à la vieille ville de Porto Vecchio. L'atmosphère y est calme, quoique touristique, et nous remontons à bord très contents.


Arrivée en Corse
Après Porto Vecchio, nous partons à la découverte des sublimes plages du sud est corse: Palombaggia, Rondinara, de longues étendues de sable clair bordées de forêts de pins, dans lesquelles on se promène sur des petits sentiers sinueux qui regorgent de bâtons, feuilles de palmier, cailloux géants et autres trésors... Le plaisir qu'ont les enfants d'être dans l'eau tourne doucement à l'obsession: du matin au réveil jusqu'au soir au coucher, il est constamment question de nager, nager, nager. Vadim a du mal à lâcher son masque et son tuba, même en promenade, et Luca file de plus en plus loin à la découverte des fonds marins.


Corse - sud est
10 juillet, très belle navigation jusqu'aux Lavezzi, un chapelet d'îles au large de la pointe sud de la Corse, institué il y a trente ans en réserve naturelle. Le paysage marin est époustouflant: amas de blocs rocheux, piscines d'eau salée, langues de sable blanc, hauts-fonds donnent à l'archipel un aspect assez "dramatique". Nous y passons une très belle journée entre mer et rochers et frissonnons devant le petit monument érigé en hommage aux marins de la frégate "la Sémillante", partie de Toulon au milieu de l'hiver 1855 en route pour la guerre de Crimée, et brisée sur un écueil en pleine tempête, coulant les 350 marins et 380 soldats à son bord. Les deux jours suivants se passent tranquilles, au mouillage à l'extérieur d'un gigantesque lagon (30 centimètres d'eau sur des dizaines et des dizaines de mètres). 12 juillet après-midi, après que Marc ait fait une tentative avortée de navigation en kitesurf (soudain, tous les "boudins" de son aile sont percés - ça ressemble à du sabotage mais je promets que je n'y suis pour rien!), nous parcourons la courte distance qui nous sépare de Bonifacio, où nous projetons de passer quelques jours.

Corse - îles Lavezzi



mardi 19 juillet 2011

Sardaigne - suite et fin

30 juin, nuit dans la marina de Puntaldia; nous profitons ainsi d'un prix encore raisonnable, avant que les tarifs ne triplent du jour au lendemain pour cause de haute saison. En outre, notre exploration des environs nous conduit (par hasard, je le jure) vers un sublime "golf & spa resort", où, moyennant une grenadine au bar, nous paressons gaiement au bord d'une belle piscine. Contre toute attente, les enfants se laissent facilement convaincre de la nécessité de mettre un maillot. Ils barbotent comme des poissons et nous savourons la tranquillité - quelque chose comme "luxe, calme et volupté"... Mmmm.


Sardaigne - Puntaldia


Premier juillet, changement de décor: nous parcourons les quelques milles qui nous séparent de la minuscule île de Tavolara. L'approche est magnifique, et nous mouillons l'ancre au pied des falaises - un peu laborieusement; le vent souffle et il faudra plusieurs tentatives pour trouver finalement un endroit où elle ne chasse pas. A peine installés nous sommes conquis par l'atmosphère qui règne ici, et passons deux jours avec l'étrange, mais fascinante, sensation d'avoir atterri sur une autre planète. Peu de bateaux autour de nous; un restaurant délicieux où nous serons les seuls clients à déguster le poisson fraîchement pêché; une rencontre avec un improbable groupe d'Anglais (dans un état d'ébriété avancé) installés sur l'île pour quatre mois, travaillant comme ouvriers spécialisés dans le câblage électrique haute-tension; une après-midi sur une langue de sable entre deux mers, à saluer joyeusement les pirouettes de Marc en kite surf; un cimetière planté au milieu de nulle part, et contenant le caveau familial des Bertoleoni, auto-proclamés rois de Tavolara....

Sardaigne - isola Tavolara

Le 3 juillet, nous quittons Tavolara pour opérer, encore une fois, un radical changement d'ambiance: direction la Costa Smeralda, sur la pointe nord est de la Sardaigne. Bienvenue à Berluscoland: au moment où nous faisons mine de mouiller l'ancre dans la belle Cala Volpe, trois hommes dans un zodiaque vrombissant viennent nous signifier que le mouillage nous est interdit dans la baie - les corps-morts sont privés. Un coup d'oeil circulaire sur les bateaux déjà accrochés aux bouées suffit pour comprendre: sans jet-ski à bord, sans hélico, sans triple deck, sans staff en uniforme, et surtout avec des voiles, Panta Rhei ne cadre pas dans le décor.

Ce ne sera pas notre dernier éveil à l'irréelle réalité locale: au mouillage près de Porto Cervo (un sommet du genre), nous sommes chassés à 7h30 du matin par la navette du shérif de la baie, au prétexte qu'il est interdit de s'ancrer à moins de 150 mètres des bouées privées. Euh... pourquoi, exactement?

Beaucoup de bonnes choses pendant ces deux jours: Luca parle à son très cher ami Guillaume sur skype, nous faisons des concours de banzaïs-en-eaux-turquoises depuis le bateau, croisons le premier pavillon belge du voyage (immatriculé à Bruxelles), et vivons (presque) en autarcie sur notre maison flottante.

Sardaigne - Costa Smeralda

Dernière halte italienne: l'archipel de la Maddalena, à l'extrême nord de la Sardaigne. Le ballet des dinghies et des ferries nous secoue un peu mais nous prenons rapidement part à la danse, et zigzaguons avec bonheur entre les îlots, plongeant ici et là dans l'eau transparente. Il n'y a pas grand chose à voir dans le fond, mais qu'importe: tous en masque et en tuba!

Sardaigne - archipel de la Maddalena

vendredi 1 juillet 2011

Sardaigne, cote Est - 24-30 juin

Apres deux jours au pied du joli village de Santa Maria Navarrese (fonde en 1050 par la fille du roi de Navarre), nous entamons lentement notre progression vers le nord.

Le golfe d'Orosei, avec ses falaises de roche calcaire tombant a pic dans des eaux turquoises, est soufflant de beaute ("Mais c'est ici les Caraibes!" s'ecrie Vadim tandis que nous longeons la cote). Le golfe et ses grottes, d'apres notre petit guide de Sardaigne, etait autrefois un lieu d'election pour les phoques a capuchon - l'idee m'amuse beaucoup: a quoi peut bien ressembler un phoque a capuchon??

Nous maintenons vaille que vaille la classe du matin (Luca ecrit son premier mot en lettres minuscules et commence les additions, Vadim colorie de mieux en mieux et se perfectionne en puzzles), et passons pour le reste le plus clair de nos journees dans l'eau, a la decouverte des grottes (j'ai meme l'emotion de decouvrir une Grotta del Fico, qui me rappelle inevitablement son homonyme dans les gorges du Gardon, un peu en amont du Collias de mon enfance...) et des plages - elles ne sont pour la plupart accessibles que par la mer, ce qui suscite un ballet impressionant de navettes qui deposent et ramenent des vacanciers par dizaines.

Sardaigne - Golfe d'Orosei


Traversees

Mardi 21, on leve l'ancre vers 7h pour une journee de traversee vers Ustica, derniere terre vers l'ouest avant la Sardaigne. Les enfants dorment, la lumiere et les couleurs de l'aube annoncent encore une journee magnifique, il fait tres calme - c'est ce qu'on appelle un depart en douceur... La journee s'ecoule, paisible: le calamar a remplace la sardine au poste "peche" (sans plus de succes), nous reiterons l'experience de l'amarre trainee derriere le bateau - et nous avons la divine suprise de voir s'approcher un groupe de dauphins, que nous avions reperes au loin: accueillis par les cris enthousiastes des enfants, ils ne nous accompagnent que le temps de quelques pirouettes, mais nous sommes, tous les quatre, emerveilles. Arrives a Ustica vers 20h30, nous accostons le long du quai a l'emplacement du ferry qui relie l'ile aux Eoliennes: le premier est attendu demain a 9h30, nous serons partis depuis longtemps. Quelques pas sur la terre ferme, avant de remonter a bord et d'entamer, demain des potronminet, la traversee vers la Sardaigne...

Entre Filicudi et Ustica

Ce n'est pas encore le Vendee Globe, mais a l'echelle de ce que nous avons parcouru jusqu'ici c'est un bon morceau: 36 heures de traversee vers notre derniere halte italienne. Il fait toujours tres calme - trop calme: au moins nous n'avons pas a subir les vents dominants, qui soufflent en general dans le sens inverse de notre course (think positive), mais nous sommes obliges de laisser ronronner le moteur pratiquement tout le long. Au niveau de la vie a bord, tout se passe pratiquement comme si nous etions immobiles (pas de gite, pas de vagues): la seule "epreuve" consiste donc a occuper le temps, a laisser passer les heures au rythme du soleil: a priori, pour deux petits garcons debordant d'energie, cela releve quelque peu du defi. Mais ils s'y accommodent parfaitement, et moyennant participation plus ou moins intensive de leurs parents, ils s'adonnent en deux jours, avec beaucoup d'enthousiasme, a toutes les activites que permet la traversee: mises en scene variees avec leurs jouets (ils y passent tous), deguisements, gymnastique (montee au mat pour l'un, sur la bome pour l'autre), bricolages (cartes au tresor, masques, boucliers, scene de joute en 3 dimensions - je crois que je pourrais me recycler :-), visionnage de Peter Pan, classe, jeux de cartes, lecture, sieste, natation, chansons.
La nuit se passe sans probleme, Marc et moi nous relayons - inequitablement (je fais un modeste quart de 2h a 5h30, le capitaine gere tout le reste...).
L'apres-midi du deuxieme jour, enfin, le vent se met a souffler un peu et nous pouvons hisser les voiles. Peu apres, on commence a deviner du relief a l'horizon: terre en vue!  Nous "aterrissons" vers 18h dans la jolie marina de Santa Maria Navarrese et, sitot mis le pied a terre, Luca et Vadim filent comme des elastiques laches apres etirement maximal...

Traversee Ustica - Sardaigne