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samedi 4 mai 2013

Bahamas, Nassau & Abacos: 13-20 avril

Vendredi 12, dernière soirée passée avec Laurent, Emma et Juliette... On se sent bien loin du palmier solitaire sur l'îlot robinson-esque de Norman's Cay, quitté pourtant le matin-même. Nous sommes à Nassau, que l'on a vue poindre de loin "grâce à" la silhouette éléphantesque du club de vacances Atlantis sur Paradise Island, extravagance délirante et kitschissime (6000 employés, 2500 chambres d'hôtel, un casino grand comme une ville, et même un temple Maya planté au milieu de l'une des onze piscines - aïe), et pourtant si rentable que le concept a été décliné en version -encore plus- scintillante à Dubaï...

Mais sur Paradise Island il y a aussi, loin des clochetons de l'Atlantis, un hôtel caché dans un bout de palmeraie où l'on a dîné délicieusement et très gaiement -merci Laurent!- entre mer immense et jardin manucuré. C'était carrément "une fois autre chose", et nous en avons profité grandement!

Le lendemain matin, à peine remis des au-revoirs (avec, cette fois-ci, une production lacrymale limitée car les prochaines retrouvailles sont pour bientôt), nous sommes en train d'astiquer le bateau quand nous voyons Amélie arriver derrière son grand sourire en trottinant sur le quai. Tellement bon, tellement bon de se voir! Cela faisait-il vraiment tout un an? Par quel enchantement, depuis aussi loin que l'on s'en rappelle (35 ans, c'est aussi vieux que nos mémoires...), avons-nous toujours la sensation de connecter instantanément, même après de longues périodes de séparation? Peu importe - c'est un trésor.

Ce deuxième séjour pour Amélie sur Panta Rhei, après les Baléares à la fin de l'été 2011, clôture en beauté le chapitre "visites à bord" de notre aventure nautique. Etrange sensation; c'est la série des "dernières fois" qui commence...

Très vite, nous quittons Nassau (et l'île de New Providence) pour aller mouiller l'ancre devant Rose Island, à une heure au nord-est de là. Retour en eaux transparentes en bordure d'une grande plage déserte. That's more like it... A partir d'ici, pour continuer à progresser vers le nord, il faut effectuer une traversée de 80 milles environ jusque Great Abaco Island avant de zigzaguer en sauts de puce le long de l'archipel des Abacos entre les bancs de sable.

Nous décidons de faire cette traversée de nuit et levons l'ancre dès le samedi 13, à la tombée du jour, en direction de Great Abaco. A peine quelques milles après avoir contourné Rose Island, le profondimètre se met à crier: 2,2 mètres au compteur, soit la profondeur de la quille... Il s'agit d'une patate de corail non répertoriée sur les cartes, et il s'en faut de peu pour qu'on talonne le récif. Une fois l'émotion passée, nous poursuivons notre route d'abord très tranquillement (tandis que l'Atlantis, tel un bubon géant, se découpe encore à l'horizon derrière nous pendant une bonne vingtaine de milles...), puis un peu moins confortablement dans une houle légère mais suffisante pour faire rouler Panta Rhei; les enfants mis à part, l'équipage n'aura pas beaucoup dormi mais l'allure est bonne tout le long, aussi quand nous approchons Little Harbour sur la côte est de Great Abaco il fait encore nuit. Prudence oblige à l'abord des côtes truffées de récifs, nous faisons quelques ronds dans l'eau en attendant le lever du jour pour aller mouiller l'ancre juste à l'extérieur de la baie.

L'histoire de Little Harbour est celle d'une "rêve bahaméen": au début des années 1950, le sculpteur Randolph Johnston a quitté son poste de professeur d'université dans le Massachusetts pour emmener sa femme et leurs quatre enfants vivre à bord de leur bateau, sans destination particulière. Arrivés à Little Harbour, alors totalement désert, ils furent séduits par le calme, la plage et les eaux claires, et décidèrent de s'y installer. En attendant de s'y construire une maison, ils vécurent dans une grotte, puis une hutte, et petit à petit les choses prirent forme: en peu de temps, ils avaient construit une fonderie et le père occupait ses journées à sculpter ce que lui inspiraient les paysages alentours. Il est mort à plus de 80 ans, après avoir passé près de la moitié de la vie dans son coin de paradis... Little Harbour s'est quelque peu développée depuis, mais aujourd'hui encore elle est habitée principalement par les enfants et petits-enfants du sculpteur, et le Pete's Pub and Gallery (ouvert par l'un de ses trois fils) constitue le seul commerce à l'horizon...

Pendant quelques jours nous traînons dans les cayes qui sont situées au large de la côte est de Great Abaco et la protègent donc de la houle atlantique: les mouillages y sont parfaitement calmes et assez peu fréquentés (c'est déjà la fin de la saison, paraît-il).

A Lynyard Cay, nous avons le plaisir de recroiser Chantal et Michaël sur CAJOU (leur petit Arthur est déjà rentré en Belgique) que nous avions brièvement mais intensivement rencontrés à Cap Canaveral au mois de novembre dernier. Ils arrivent tout droit du Mexique et sont en route vers les Bermudes - et à l'heure où j'écris ceci ils sont sans doute en train d'approcher des Açores! La soirée passée avec eux est très joyeuse et se termine par un tête-à-tête mémorable entre Amélie et moi, avec une nage nocturne autour du bateau - en dépit du fait que, "comme chacun sait" (...), les requins chassent la nuit et il est strictement déconseillé de se risquer dans l'eau entre le coucher et le lever du soleil - ce que nous avons curieusement, mais totalement, oblitéré de nos esprits à ce moment-là et nous sommes fait rappeler avec moulte gros yeux et sourcils froncés par Marc et Chantal le lendemain...

A Pelican Cay, nous nous arrêtons le temps d'aller plonger en masques et tubas sur un bout de récif; raies léopard, tortues, barracudas géants, quadrillages de corails immenses et finement sculptés - sans doute parmi ce ce que nous aurons vu de plus beau en plongée pendant le voyage.

A Elbow Cay, nous tombons sous le charme de Hope Town, charmant village coloré et photogénique dont le phare rouge et blanc, datant de 1862, est l'un des trois derniers phares au kérosène actionné à la main au monde - et en fait un décor de carte postale qui attire beaucoup de monde. La plage est sublime, immense, et les dunes sont un irrésistible appel aux rollekebols (désolée pour les non-Belges...).

Dernière étape pour Amélie, qui y reprendra un avion pour Nassau avant de s'envoler vers Bruxelles: Marsh Harbour, dont nous serons assez déçus. A part un supermarché à l'américaine, et une petite piscine dans l'une des marinas qui fait la joie des enfants, l'endroit n'a aucun intérêt particulier. Et en plus, il se met à pleuvoir dru.

Merci Amélie pour ton séjour avec nous, encore un merveilleux bout de vie ensemble dans notre longue histoire commune...

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