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dimanche 15 avril 2012

British Virgin Islands - part I: 29 mars - 11 avril

La route de Saint Martin aux BVIs est un peu longue (85 milles), mais en principe assez facile car les alizés, qui soufflent de l'est, sont favorables (c'est le chemin inverse, que l'on fera début mai, qui est notoirement difficile, puisqu'avec le vent dans le nez: au mieux on serre le vent au maximum, au pire on tire des bords, mais dans tous les cas c'est long et pénible - chaque chose en son temps, je tâche de ne pas y penser pour le moment...). Pour arriver avant la nuit, nous décidons donc de quitter Saint Martin à 5 heures du matin. Erreur stratégique: la mer est croisée et les enfants se réveillent deux heures plus tard, gigotés dans leurs cabines dont ils sortent livides. Pour la première fois depuis le début du voyage, Luca est malade (inutile de préciser que Vadim en fait autant peu après), et même Marc confesse un certain inconfort gastrique... Mais le malaise passe (panta rhei, comme disait l'autre), la mer se calme un peu et, surtout, tout le monde se réhabitue à la navigation après une longue période de relative immobilité (nous n'avions plus fait de longue traversée, au fond, depuis la navigation de nuit entre Antigua et Saint Barth). Vers 15h30, soit beaucoup plus tôt que prévu, nous arrivons à Virgin Gorda.

Toutes Britanniques qu'elles soient, les BVIs sont en réalité très "américanisées" et l'accueil glacial que nous réservent le lendemain matin les autorités de la marina devant laquelle nous avons mouillé l'ancre n'est pas sans rappeler la condescendance des fonctionnaires du consulat US à la Barbade ("Star behind the yellow line please" -personne d'autre que moi dans le bureau-; "Why didn't you comme earlier this morning?" -il est 10 heures du matin-; "You're gonna have to take your sunglasses off, Ma'am" -j'ai pourtant expliqué que j'ai une infection à l'oeil et que la lumière me fait mal-; "Here, in this box, I can only see a slash, that ain't acceptable. You have to make an explicit declaration that you are not carrying weapons or ammunitions on board")... Nos copains de Coco, arrivés peu avant nous, ont dû subir un sermon sur le thème du séjour illégal (ils avaient attendu une demi-journée avant de remplir les formalités d'entrée) et été menacés de 10.000 $ (oui, dix mille dollars) d'amende par passager. On ne badine pas avec les règles chez les Anglo-saxons...

Cependant, l'inconfort relatif du trajet et le désagrément administratif de l'arrivée sont oubliés d'un coup lorsque nous nous accrochons à une bouée dans Trellis Bay, sur l'île de Tortola, au lieu de rendez-vous fixé avec la famille Drion, en vue de leur arrivée imminente.

La joie de les revoir est immense, et les retrouvailles sont si chaleureuses que tout se passe comme si on ne s'était jamais quittés. Presque trois mois, pourtant, depuis nos adieux humides sous les Deux Pitons de Sainte Lucie...

C'est donc avec beaucoup de bonheur et d'entrain que nous nous mettons en marche pour une nouvelle expérience de navigation avec eux, d'emblée différente de la précédente: ce coup-ci, Frank-le-skipper restera à terre en "stand-by", car pour la première fois, Laurent a décidé de prendre seul les commandes de Never Mind.

Pendant dix jours parfaits, nous naviguons tranquillement d'un mouillage à l'autre (les distances sont très courtes), enivrés par la beauté qui nous entoure et par le plaisir d'être ensemble. Un plaisir si entier que, lorsque nous ne sommes pas tous à bord de Never Mind (au rythme, cette fois, de trois repas par jour...), nous continuons à communiquer presque en continu sur le canal 71 de la VHF!

Les souvenirs sont nombreux et durables, et dans le désordre, je repense aux divines balades en kayak avec Sophie; au royal pique-nique sur une plage d'Eustatia; aux tentatives acharnées de réanimation par Laurent, a.k.a. Mac Doctor -et Sophie au sèche-cheveu- de mon ordinateur portable tombé dans l'eau; à l'enthousiasme débridé de Gaspard au jeu-du-chapeau (ou "Tuinwoman", pour les puristes); à l'étourdissante déclaration d'amitié de Marc à Laurent à travers les morceaux d'ananas disposés tout spécialement sur sa focaccia maison (et pourtant, en bon Italien, il ne plaisante pas avec certains principes culinaires); au condensé de gentillesse contenu dans les petits mots laissés par Noémie à Luca et Vadim; à la magnifique traversée dans le chenal entre les îles anglaises et américaines; aux ciels dorés de fin du jour; au défi lancé par Sophie, sans qui je n'aurais certainement pas entrepris de chausser ces skis nautiques; à la très convaincante ménagerie que nous formions à table, emballés par un concours de cris d'animaux (grâce à vous j'ai découvert que Marc maîtrise à la perfection la nuance entre chèvre et mouton); à la promenade entre terre et mer dans les "Baths" de Virgin Gorda; aux batailles de fusils à eau entre bateaux; au barracuda semi-apprivoisé de Prickly Pear Island; et à l'impatience des garçons pour commencer la classe quand Noémie et Gaspard se sont improvisés professeurs d'un jour...

C'était un peu Noël au printemps (et je pianote à l'instant sur le clavier d'un sublime portable qui me le rappellera pour longtemps) - mais c'était surtout un plaisir de tous les instants, la confirmation évidente d'une très belle découverte sur le plan humain. Du fond du coeur merci, et vivement les prochaines retrouvailles en mer: Noël aux Bahamas...

click here to view photo album - (c) S.O.S. & Drion Pictures Intl

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