Pages

samedi 4 février 2012

Grenade, Grenadines suite & fin, Barbade: 17 janvier - 4 fevrier

Victoire! Le taraud est delogé du verin de l'autopilote, Marc termine sa réparation et remonte la chambre de Vadim, le bateau reprend un aspect normal. Par ailleurs, les bobos divers sont guéris, je remise au fond de l'armoire, en soufflant de soulagement, la boite a antibiotiques. Juste le temps pour les garcons et moi de faire un court voyage en bus vers Hillsborough, pour porter a la poste l'enveloppe d'anniversaire que Luca a preparée amoureusement pour Charlotte, et nous pouvons quitter Carriacou. Direction Grenade, ou Nonna arrive dans deux jours...


click here to view photo album
La traversée est tres penible par moments (surtoilé dans les grains, le bateau est sous pression, Marc affiche une tete inquiete a la barre et je décompte les milles jusqu'a l'arrivée) mais raisonnablement courte. Nous arrivons, soulagés, dans la marina de Port-Louis a Grenade ou nous passons deux nuits tranquilles. La visite de Saint Georges, la capitale, a la tombée du jour n'est pas particulierement enthousiasmante: aiguillés vers le quartier proche de la gare routiere, nous errons brievement dans une atmosphere un peu "dodgy" et, sauf dans une école de steelbands en pleines répetitions apparue comme une vision, les tetes ne nous croisons ne sont pas tres avenantes...

Jeudi 19, nous préparons, astiquons et bichonnons le bateau pour l'arrivée de Nonna qui, partie de Bruxelles 36 heures et quatre avions (!) plus tot, débarque en debut d'apres-midi. Les enfants sont a la fete, tout le monde est ravi de se retrouver. A peine un sandwich avalé, Nonna installée et debarrassée de ses vetements longs, nous démarrons pour aller mouiller l'ancre dans True Blue Bay, a une dizaine de milles. Cela souffle un peu, et nous devons aller contre le vent, mais Nonna ne recule devant rien ("Moi, j'ai pas de probleme"). La baie est vaste, calme, et abrite un restaurant avec une grande terrasse en bois sur pilotis ou nous dinons délicieusement. Nous passons une deuxieme nuit dans une autre baie, toujours au sud de l'ile, avant de retourner a Port Louis pour remplir les formalités de sortie. Nous nous réjouissons de retrouver Union, d'ou nous irons passer quelques jours dans les Tobago Cays voisines...

click here to view photo album

QUI a dit que le dimanche était un jours de repos? La traversée que nous subissons vers Union ce dimanche 22 est absolument, totalement et resolument infecte. Les grains, typiques des Caraibes a cette saison, apportent sans crier gare (ou avec un préavis tres court) de tres fortes rafales de vent -jusqu'a 40 noeuds- et une pluie diluvienne dans une mer bouillonnante. Nous sommes beaucoup secoués et luttons contre les nausées (j'ai, personnellement, perdu la bataille plus d'une fois: il semble que j'aie ramassé les derniers microbes qui trainaient encore a bord, et/ou que je décompresse apres les deux semaines passées a angoisser sur la santé des uns et des autres. Quoi qu'il en soit, je suis malade comme je ne l'ai jamais été). Les enfants ont la bonne idée de dormir une bonne partie du trajet, protégés de la pluie et des vagues qui échouent dans le cockpit par d'astucieux montages de couvertures, essuies et vestes de quart... Nadia aussi admet qu'elle n'est pas au sommet de sa forme, mais reste tout le long disponible, efficace et souriante ("Moi j'ai pas de probleme"). Avec le vent dans le nez, nous tirons des bords au pres serré et parvenons péniblement, a la nuit tombée, dans Shattam Bay (plus facile d'acces que Clifton Bay qui est entourée de recifs et de hauts-fonds) - apres ce qui aura été sans conteste la pire navigation depuis le début du voyage.

Quel soulagement que de s'endormir au calme et de se réveiller dans cette baie magnifique et presque déserte! Nous en profitons pour faire "une bonne classe" le matin (pendant que Nadia se coltine la couture de la grosse toile qui recouvre le régulateur d'allure - "Moi, je n'ai pas de probleme") avant de bouger vers Clifton, a tres peu de milles de la, sur une mer belle et sous un franc soleil. Récompense... Marc sort son kite et navigue le long du récif pendant que Nadia et moi barbotons avec les enfants (Vadim fait quelques brasses sans bouées!) sur une modeste mais tres agréable petite plage bien abritée du vent.

Une seule ombre au tableau: l'aller-retour nécessaire a la Barbade pour notre rendez-vous, fixé le 31 janvier, au consulat américain afin d'obtenir les visas dont nous avons besoin pour concrétiser nos plans de navigation le long de le Cote Est cet été. La Barbade est située beaucoup plus a l'est, décentrée par rapport a l'arc antillais. Or les previsions annoncent toujours autour de 25 noeuds d'alizés soufflant de l'est: nous aurons donc beaucoup de vent, et de mer, de face, ce qui promet une navigation au pres serré semblable a celle d'il y a quelques jours entre Grenade et Union. Sauf que cette fois ce sera deux fois plus long. Help!! Apres moultes tergiversations, recherches d'alternatives et discussions houleuses (Marc trouve que "ca ne cadre pas dans le concept du voyage"), Nadia propose tres généreusement d'offrir aux enfants et moi des billets d'avion et une nuit d'hotel a la Barbade tandis qu'elle fera en bateau, avec Marc, la traversée jusque la ("Pour moi, tout est bon"). Incroyable Nadia...

 
click here to view photo album
Me voila bien soulagée. Mercredi 25, nous parcourons par grand beau temps les cinq petits milles qui nous séparent des Tobago Cays, perle intouchée des Caraibes: un chapelet de cinqs ilots ("Petit Rameau", "Petit Bateau", "Jamesby", "Baradal" et "Petit Tabac") perdus dans une mer turquoise pleine de coraux, protégés du large par une grande barriere de corail. Les plages sont d'un sable presque irréellement blanc et les fonds clairs. Evidemment, nous ne sommes pas seuls mais passons deux jours magnifiques entre Panta Rhei, l'eau et la plage - et Marc jubile en kitesurf. La deuxieme nuit est agitée, car le vent se leve (ce qui fait crier l'alarme branchée par notre prevoyant capitaine) et il convient de s'assurer que l'ancre tient - et que celles des autres bateaux font pareil. Nadia et Marc se relaient sur le pont ("Moi j'ai pas de probleme") jusqu'au matin.


click here to view photo album

Nous quittons le lendemain vers 10 heures en direction de Mayreau. Nous naviguons toujours au pres, mais le niveau de confort est bon et nous arrivons joyeux, vers 16 heures, dans la baie de Port Elisabeth a Bequia, ou deux heures seront nécessaires avant que nous ne trouvions finalement un mouillage convenable a l'ancre, apres avoir repoussé de nombreux "boat-boys" qui tentaient de nous faire accrocher a des bouees minuscules... Nous retrouvons l'atmosphere - et le carrot cake !- qui nous avait tant plu lors de notre passage quelques semaines plus tot, et profitons de cette halte terrestre pour nous ravitailler un peu, faire une lessive et terminer de rassembler les documents pour notre interview au consulat américain...

 
click here to view photo album

Le soleil décline deja quand nous levons l'ancre pour remonter vers Saint-Vincent, ou nous ferons halte pour une seule nuit, avant que les enfants et moi ne nous envolions, et que Nadia et Marc ne reprennent la mer, vers la Barbade. La navigation est belle dans la lumiere dorée du soir, et nous tirons quelques bords tranquilles pour arriver dans la passe bien abritée entre la minusculeYoung Island et la pointe sud de l'ile. Pour vérifier l'amarrage a la bouee, Nadia plonge puis grimpe sur le dinghy, dans la nuit noire, en maillot de bain et lampe frontale: "Oh, si quelqu'un me voyait", dit-elle...en riant aux éclats. Luca, Vadim et moi sommes tres excités de l'expérience qui nous attend le lendemain. Et nous ne serons pas décus: apres avoir souhaité a Papa et Nonna une bonne et prudente navigation, nous prenons un bateau-taxi jusqu'a la cote et nous dirigeons, apres nous etre un peu ébroués sur la plage, vers l'aéroport ou nous attend un tout petit avion - la vue de la-haut sur les iles et la mer est magnifique, et les garcons, seuls enfants dans l'avion, sont invités par le pilote, lors de l'escale a Sainte-Lucie, a s'asseoir dans le cockpit...

 
click here to view photo album

Nous passons a trois une tres bonne nuit dans l'etonnant Pirates' Inn de la Barbade, aux allures de motel annees 60 peuplé exclusivement de retraités americains et anglais qui s'y sentent manifestement a l'aise comme chez eux, séjournant pour de longues durées dans des studios meublés. Il y a une piscine dont nous profitons un peu (quelques grains éclatent, je regarde de ciel en pensant le ventre noué a la traversée de Marc et Nadia), et des lits aux matelas rebondissants qui font la joie des enfants. Les nouvelles que nous attendions arrivent plus tot que prevu: les navigateurs auront mis "seulement" 26 heures pour traverser. Nous les retrouvons avec grande joie sur la plage de Carlisle Bay lundi 30 vers 15 heures, apres qu'ils aient effectué les fastidieuses formalités d'entree, incluant un passage dans les bureaux des Autorites Sanitaires: "Avez-vous un cadavre a bord?" ?!?

Mardi 31, bons éleves, nous arrivons un peu en avance a notre rendez-vous au consulat americain, préparés comme pour un examen. Tout se passe comme si les employés du consulat (tres nombreux) avaient recu instruction d'adopter une attitude et un ton franchement désagréables: attention, si vous n'etes pas sages, vous vous verrez refuser l'entrée dans notre Belle Patrie... Nous suivons donc docilement les instructions, depouillés a l'entrée de tout ce qui pourrait constituer une menace (y compris les jouets des enfants). La salle d'attente est bondée, nous attendons d'etre appelés pour le "check-in", puis pour le paiement, puis pour l'enregistrement de nos empreintes digitales, puis pour...l'interview qui se résumera a un bref échange, a travers la vitre d'un guichet, avec une dame a l'air imprégné par le sérieux de notre demande de visa. A peine deux ou trois questions sur notre projet de navigation, passé et a venir, et sur nos occupations professionnelles, et nous pouvons disposer: a premiere vue, la demande est acceptée. Epilogue dans les cinq jours, par e-mail. D'ici la...on attend.

Derniere apres-midi, puis derniere soirée avec Nonna, déja. Nous lui avons dit et répété, son sejour était beaucoup trop court, et la prochaine fois il faudra qu'elle reste plus longtemps - c'est si bon de l'avoir a bord! MERCI Nonna, MERCI Nadia, pour tout ce que vous faites...

A peu pres en meme temps que Nadia s'en va, nous repérons nos amis italo-suisses Mirko, Tea et Aurélien qui arrivent dans la baie sur Ortemi. Nous savions qu'ils venaient la pour les memes raisons de visa que nous, et guettions leur arrivée. Ravis de les retrouver trois mois apres les avoir quittés dans les Canaries, nous passons beaucoup de bon temps ensemble et échangeons tous les soirs des invitations a diner. Tout irait pour le mieux si, au début d'une tranquille apres-midi, ils ne s'étaient pas fait percuter le flanc gauche d'Ortemi par un jet-ski arrivé a pleine vitesse. Pas de blessés heureusement, mais de gros dégats dans l'alu de leur coque. Sales, sales betes que ces vrombissantes motos des mers. Par ailleurs, nous commencons a saturer de la proximité du Boatyard Bar, qui accueille tous les jours des hordes d'Américains débarques pour la journée de gigantesques bateaux de croisiere et déploie, pour la plus grande joie des intéressés, la panoplie complete: musique tonitruante jusqu'au milieu de la nuit, bouée-trampoline géante, menu composé exclusivement de plats frits et "adult games" (sic) au bar (ca, c'est le clou du spectacle: apres une session debout sur le bar, un serveur équipé d'un sifflet fend la foule pour faire avaler aux clients, qui se précipitent sur lui en masse, des doubles shots d'alcool). C'était marrant un jour, le temps de mener, avec une certaine fascination, une sorte d'étude sociologique. Mais cela a définitivement cessé de l'etre lorsque qu'ils ont commencé a prétendre nous faire acheter des bracelets en papier rose fluo pour pouvoir, simplement, amarrer notre dinghy a "leur" (?) ponton.

De maniere générale, la population "bajane" nous parait moins chaleureuse, moins accueillante qu'ailleurs dans les Caraibes. Il est temps que nous partions... Surprise!: a peine quarante-huit heures apres notre passage au consulat, nous sommes avertis par e-mail de ce que nos passeports nous attendent au bureau DHL de l'ile. Décidant de faire d'une pierre deux coups, nous louons un mini-van avec Mirko, Tea et Aurélien et, nos visas en mains (youpiiie!), nous faisons un joli tour dans le sud de la Barbade, roulons dans les vagues sur une belle grande plage et visitons un jardin botanique ouvert tout spécialement pour nous.

Demain samedi, 4 février, nous pouvons poursuivre notre route et retourner, le vent dans le dos cette fois, vers la Martinique.

click here to view photo album

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.