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vendredi 30 novembre 2012

Floride, part I: 21 - 28 novembre

Mercredi 21, vers 11 heures, après des adieux temporaires à Pingouin et la promesse de nous retrouver quelque part en Floride, nous nous mettons donc en route, pour trois navigations consécutives d'environ 160 milles chacune. A la sortie en mer, nous sommes surpris de ne trouver que très peu de vent. Nous avançons assez lentement et comme la mer est formée, Panta Rhei ballotte sur la houle. L'inconfort sera de courte durée, car le vent (du nord) augmente assez vite jusqu'à 10-15 noeuds et la houle, devenue quasi imperceptible grâce à la vitesse, nous pousse vers le sud. L'allure est stable, on avance à 7-8 noeuds de moyenne et le soleil se lève jeudi matin dans un ciel d'un bleu parfait. Magnifique...

Jeudi 22 à 13 heures, soit 26 heures après notre départ de Charleston, nous jetons l'ancre devant Fernandina Beach, première halte en Floride. Le paysage hérissé d'usines est assez déconcertant et la ville, hormis sa particularité de ville américaine ayant  changé le plus souvent de nationalité depuis le milieu du XVIème siècle (qui lui vaut le surnom de "Eight Flags Isle"), ne présente que peu d'intérêt. Mais nous avons le plaisir de retrouver ici le bateau Manao, rencontré par l'entremise de Pingouin juste avant notre départ de Charleston, et de partager avec une partie de l'équipage belgo-américain un pumpkin pie dans la plus pure tradition de Thanksgiving (qui suppose aussi, comme nous l'avons découvert avec amusement, que ce jour-là plus que n'importe quel autre, tout le monde se sourit et se salue dans la rue)...

Pendant deux jours, nous séjournons devant la belle Cumberland Island, à 5 milles de Fernandina (techniquement, en Géorgie). Réserve naturelle, l'île est partagée entre marais salins, forêts de chênes couverts de mousse, sentiers de sable et grande plage battue par le vent de l'Atlantique. Nous revenons bredouille de notre expédition dents de requins fossilisées, mais absolument enchantés par la beauté de cette nature sauvage, par la découverte sur la plage d'un véritable cimetière de limules (très étrange animal inchangé depuis la Préhistoire, croisement improbable entre scarabée géant et espadon), par un pique-nique savouré au soleil dans le jardin de Dungeness, l'ancienne résidence de la famille Carnegie détruite dans les flammes à la fin des années 50, et par la rencontre en chemin de dizaines de chevaux vivant en liberté sur l'île.

Samedi 24, 7h30, nous reprenons notre descente vers le sud, direction Cape Canaveral. Le vent tombe  vers midi et l'après-midi se passe au moteur, jusqu'à ce que le vent augmente avec la tombée de la nuit. Les voiles en ciseaux, nous filons enfin à bonne vitesse et atteignons notre destination vers 13 heures le lendemain, après avoir passé - avec un groupe de dauphins ! - un pont (ouvrant) puis.. une écluse, la première du voyage! Ici encore, nous sommes quelque peu déconcertés par l'atmosphère désolée de cette espèce de lagon industriel et notre promenade à terre, entre hangars et parkings déserts, n'est pas très concluante - sauf pour l'apparition, au milieu de nulle part, d'un bar d'où provient de la (bonne!) musique live.

Nous sommes seuls au mouillage et nous interrogeons sur la façon de "meubler" les trois jours que nous avons prévu de passer ici jusqu'à la prochaine fenêtre météo favorable, dès que lors que nous avons renoncé à la visite du Kennedy Space Center, hors de prix, et que le lancement accessible au public d'un satellite prévu le 27 a été reporté sine die... C'était sans savoir que, dès le lendemain matin, nous aurions le plaisir de voir jeter l'ancre juste à côté de nous Michaël, Chantal et leur fils Arthur (9 ans) sur leur bateau Cajou. Partis comme nous il y a un an et demi, ils sont belges mais battent le pavillon français car ils vivent à Uzès (of all places, à dix minutes de Collias dans le Gard de mon enfance) où ils projettent de retourner l'été prochain. L'entente entre les trois garçons est immédiate et très forte. Nous décidons de louer ensemble une voiture et d'aller visiter Saint Augustine, à quelques 200 kilomètres au nord. Fondée par les Espagnols en 1565, Saint Augustine est la plus ancienne ville des Etats-Unis. Comme beaucoup d'autres villes, elle a subi les assauts des Français et des Anglais, mais jusqu'au milieu du XIXème siècle elle est restée principalement espagnole. Et aujourd'hui encore, en plissant (fort) les yeux, on pourrait ici ou là se croire en Andalousie... La journée est belle et bonne, et nous sommes tous heureux de cette rencontre. Nous poursuivons le soir avec un dîner sur Panta Rhei, également en compagnie d'Ortemi fraîchement arrivé, et, comble du bonheur et de l'excitation pour Luca, Arthur reste dormir chez nous.

Le lendemain, mercredi 28, nous sommes contraints de quitter tout le monde pour profiter d'un bon vent  du nord qui nous permettra de descendre (facilement?) les 150 milles qui nous séparent de Fort Lauderdale, tandis que Cajou et Ortemi filent sur les Bahamas. Nous reverrons peut-être Cajou quelque part au sud de Cuba dans deux ou trois mois, mais nous ne croiserons vraisemblablement plus la route de Mirko, Tea et Aurélien, car leur programme de navigation est trop différent du nôtre. C'est avec émotion que nous nous regardons partir pour la dernière fois, après plus d'un an de compagnonnage de Gibraltar à la Floride en passant par les Antilles, les Bermudes, New York, le Cape Cod et Washington... Bon vent les amis, vous restez en pensées près de nous mais continuez à nous donner des nouvelles. Soyez heureux, et à bientôt, qui sait, peut-être à Cully?

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