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samedi 3 novembre 2012

Sud du Chesapeake... et Hurricane Sandy! 21-31 octobre

Après cette bonne halte terrestre à Washington, nous nous remettons allègrement en route, repassons - en sifflotant cette fois - le Woodrow Wilson Bridge et redescendons le pot-pot-Potomac: du moteur encore et toujours, mais dans ce sens ci nous pouvons même y ajouter les voiles, ce qui nous vaudra de descendre la rivière en deux jours alors qu'il nous en avait fallu plus de trois pour la monter.

Nous arrivons dans le bas de la baie de Chesapeake, où il fait encore grand bleu, et mettons le cap sur une petite marina paumée mais de bonne réputation pour de menus travaux à Deltaville, en Virginie - environ 250 kilomètres au sud est de DC.

Seulement, à peine arrivés là-bas, il apparaît que notre halte sera nettement prolongée étant donné qu'une monstrueuse tempête tropicale pointe son vilain nez sur les tables météo que Marc consulte avidement. Nous sommes le mercredi 24 octobre et le temps est beau, voire même chaud. Aussi, nous avons du mal à y croire mais selon des projections de plus en plus convergentes, l'ouragan Sandy, attiré par une zone de basse pression descendue du nord, touchera la côte est des Etats-Unis après avoir pris des forces dans la mer des Caraïbes, créant un phénomène météorologique d'une ampleur rare et dangereuse.

"Frankenstorm", "Storm of the century", "The Big One", "Nightmare scénario": l'arrivée imminente de Sandy suscite évidemment beaucoup d'inquiétude dans toute la région et Marc décide assez vite que la prudence exige de faire sortir le bateau de l'eau pour le mettre à l'abri d'une montée des eaux que l'on annonce catastrophique et qui aurait notamment pour effet d'immerger les pontons de la marina, libérant tous les bateaux qui y sont accrochés... Sous un soleil toujours franc, les préparatifs vont bon train: on ficèle la grand voile autour de la bôme, on enlève les autres voiles (génois, trinquette), on dégage l'extérieur du bateau de tout ce qui pourrait être emporté par le vent et on réserve le "travel lift" pour mettre Panta Rhei au sec.

Pendant ce temps, la tension continue à monter à mesure que le ciel s'assombrit. Il n'est plus question, dans les médias et les conversations, que de cette monstrueuse Sandy qui a déjà fait près de 40 morts dans les Caraïbes. La marina de Deltaville décide finalement de sortir d'office tous les bateaux de l'eau, il ne reste plus qu'à attendre en croisant les doigts. Assez vite, nous prenons contact avec Penny, que nous avions quittée à Washington à peine une semaine plus tôt, pour lui demander une fois de plus son hospitalité pendant quelques jours. Sans surprise, Marc ne se résout pas à laisser son bateau pendant le passage de l'ouragan (on ne sait jamais que le sol se gorge d'eau et qu'il faille resserrer continuellement les chaînes enroulées autour des trépieds qui soutiennent Panta Rhei...) et nous laisse partir avec Adrian, le fils de Penny, venu tout spécialement ce samedi 27 octobre de Washington pour nous chercher (MERCI Adrian!).

Nous aurons donc vécu séparément, et avec une intensité différente, le passage de Sandy: pour les enfants et moi, malgré l'omniprésence de l'ouragan dans les médias (on en oublie presque les élections présidentielles du 6 novembre...) et dans nos esprits, c'auront été cinq jours à profiter du climat chaleureux et gai de Garfield Street, de la compagnie bienveillante de Penny, Drew et Adrian, de lits moelleux et d'un toit solide. L'anticipation aura suscité une angoisse croissante et l'attente aura été interminable mais finalement, hormis quelques arbres arrachés dans la nuit du 29 au 30, Washington a été miraculeusement épargnée. A la vue des images apocalyptiques de New York (tout le bas de Manhattan sans électricité en-dessous de la 39ème rue, le Queens dévasté, les stations de métro inondées jusqu'au niveau de la rue (!), du New Jersey (le "boardwalk" d'Atlantic City explosé, des milliers de maisons détruites ou inondées) ou de Cape Cod (jusqu'à 85 noeuds, soit près de 160 km/h, de vent), je mesure la chance que nous avons eue.

Quant à Marc, il sera resté "sur le pont", à faire des allers-retours incessants entre le bateau et les locaux de la marina où une télévision restait branchée jour et nuit sur le "weather channel", à regarder une pluie diluvienne tomber pendant deux jours, à surveiller les trépieds, à guetter les arbres du petit bois à la lisière duquel se trouvait Panta Rhei... et à subir les températures polaires qui ont accompagné l'arrivée de Sandy. Mais finalement, à Deltaville aussi, avec des rafales à 55 noeuds maximum, le miracle a opéré et aucun dégât n'a été rapporté.

De la chance, donc, dans ce climat de panique, puisque ce retour imprévu à Washington nous a par ailleurs valu, ce 31 octobre, de fêter joyeusement tous ensemble (avec Marc aussi, venu nous chercher) l'anniversaire de Penny juste après que les enfants aient vécu leur premier vrai Halloween, courant d'une maison à l'autre entre chien et loup, fiers dans leurs costumes de vampires et avec un enthousiasme nettement contagieux, en criant "trick or treat" pour recevoir des montagnes de bonbons.

En ce qui nous concerne, l'émotion Sandy est maintenant passée, et nous resterons éternellement reconnaissants envers Penny, Drew et Adrian de nous avoir accompagnés (le mot est faible) pendant cette mémorable semaine...

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