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vendredi 16 septembre 2011

Cabrera, Ibiza & Formentera

Encore une fois, le plaisir des retrouvailles chasse la tristesse des adieux: le soir du 1er septembre, Amélie débarque dans la marina de Cala d'Or où je l'attends, sur les marches du yacht club, trépignant d'impatience. Comme à chaque fois, c'est en l'espace d'une seconde que nous nous retrouvons pleinement, heureuses de poursuivre l'affectueuse conversation que nous avons entamée ensemble il y a 33 ans (!)...

Nous quittons la marina, et l'île, dès le lendemain matin, pour nous diriger vers l'archipel de Cabrera, un petit morceau de Baléare classé parc naturel, où les bateaux peuvent s'accrocher à des bouées d'amarrage pour un séjour de trois jours maximum. Une première traversée cheveux au vent, 25 milles - soit cinq heures environ - d'une allure confortable, au terme de laquelle nous manquons de pêcher un thon gigantesque: si gros qu'il a rompu le fil de pêche au moment où Marc le sortait de l'eau. Nous avons cependant eu le temps de bien l'apercevoir quand le moulinet travaillait à le ramener vers nous, et Marc (dont l'objectivité est indiscutable) est formel - il devait peser 25 kg!

Peu après cette émouvante reconstitution vivante du Vieil Homme et la Mer, nous entrons dans la grande et belle baie dans laquelle la bouée A2, réservée à l'avance comme l'administration du parc l'exige, nous attend. L'accrochage à ladite A2 se fait sans difficulté, et l'endroit est magnifique. Marc, jamais à court d'idées aventureuses, plonge pour aller parfaire, in situ, le mouillage; en d'autres termes, il double les amarres et noue fermement tout ce qui peut l'être. Malheureusement, la tramontane qui entre dans la baie fait gigoter tout ce qui flotte...et notamment A2, la traître, qui en a profité pour attaquer le capitaine dans une prise arrière sub-aquatique défiant les règles du kung-fu... Le voilà donc dans l'eau, le sang s'échappant de son crâne. Je crains l'accident grave, évidemment, et la panique se diffuse entre Amélie et moi. La frayeur, fort heureusement, fut passagère: la coupure était nette et superficielle, trois coups de ciseaux et beaucoup de désinfectant ont fait efficacement l'affaire.

Sur Cabrera, il n'y a à peu près rien d'autre qu'une bâtisse blanche hébergeant un office de tourisme et un bar façon far west - et découpant l'horizon, les ruines d'un château du début du XVème siècle, situé stratégiquement à l'entrée du port pour décourager les attaques de pirates sarrasins, fréquentes sur toute la côte majorquine à l'époque.


vers Cabrera


Nous faisons une longue et superbe promenade de plus de trois heures jusqu'au phare sans croiser personne que les lézards endémiques de Cabrera, nous nageons dans la baie et paressons à bord. Dimanche 4, en fin d'après-midi, après de longues tergiversations, nous décidons de mettre les voiles vers Ibiza: 17 heures de traversée pour parcourir les 85 milles que les ferries, comme celui qui avait amené Amélie, avalent en 3 heures! La mer est un peu agitée au début, mais la soirée et la nuit se passent paisibles, Amélie et moi partageant un quart de quelques heures, à deux dans le cockpit, emmitouflées, à regarder la lune - impérissable souvenir.

L'arrivée sur Ibiza, en milieu de matinée, est fêtée par la pêche (cette fois c'est la bonne!) d'un beau thon que Marc s'empresse d'achever à coup de pastis dans les branchies (un peu médiéval mais très efficace), puis de dépecer et nettoyer pour en tirer de magnifiques filets. Textbook alpha-male... Heureux de déambuler à terre, nous déjeunons dans un restaurant dont la terrasse surplombe la baie de Portinatx où Panta Rhei est à l'ancre... et d'où l'on observe que la houle entre fort, faisant danser les bateaux. Nous retournons à bord au pas de course pour lever l'ancre et chercher refuge ailleurs, dans une baie protégée du vent du nord; nous voila donc repartis pour trois heures de navigation jusqu'à la côte ouest, dans une franche houle - je confesse avoir eu, à ce moment, le désir ardent d'être ailleurs... dissipé dès l'arrivée à cala Salada, presque vide, dans la lumière dorée de fin du jour.

Deux douces journées à cala Salada, et nous amenons Amélie jusqu'au port de San Antonio où nous la quittons, émus de la voir partir mais tellement, tellement enchantés par ces quelques jours vécus avec elle sur Panta Rhei ! Merci ma vieille...

Ibiza
8 septembre, après une nuit non loin de San Antonio, nous traversons vers Formentera: un peu moins de cinq heures de navigation, comprenant le passage émouvant devant le majestueux paysage de l'île d'Es Vedra au large d'Ibiza: Manu est, évidemment, dans nos pensées... Trois jours à l'ancre près de la marina de la Salina, nous prenons le temps: baignades interminables dans le lagon, aller-retour à l'île d'Espalmador (où l'on renonce aux bains de boue après qu'un garde côte en dinghy nous ait expliqué gravement que c'était interdit parce que cela pouvait causer de très graves réactions épidermiques... ce qui n'empêche que nous croisons régulièrement des grappes de gens arpentant la plage le corps enduit de pâte brunâtre), location de vélos pendant deux heures et balade sportive avec les enfants en porte-bagage jusqu'à Sant Francesc Xavier, ravissant village tout blanc qui ravive, comme d'autres lieux sur l'île, de bons souvenirs du mariage d'Ivan et Carine il y a près de 15 ans.

Il se confirme que les conditions météo sont favorables, nous partons lundi 12 à 8 heures du matin pour traverser vers l'Espagne continentale. Nous quittons les îles, mais pas encore la Méditerranée: cap sur Cartagena...




Formentera



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